Adopter un animal abandonné pour lui offrir une vie meilleure est une
décision fort généreuse. Nous sommes souvent persuadés que ce pauvre
toutou a surtout manqué d'affection, et nous sommes prêts à lui donner
tout notre " amour ". En y regardant de plus près, en se plaçant côté "
chien ", comment notre nouveau compagnon va-t-il percevoir ces
débordements d'affections, de caresses, d'attentions que l'on est tenté
de lui prodiguer ?
Essayons de nous rapprocher de la réalité
canine pour comprendre ce qu'a pu vivre le chien durant son séjour au
refuge et définir ses réels besoins lorsque nous l'accueillons dans son
nouveau cadre de vie. Quel que soit son âge et comme tout être vivant,
le chien abandonné a son histoire personnelle. Les causes d'abandon sont
hélas souvent les mêmes : mauvaises conditions de développement précoce
du chien entrainant des difficultés d'adaptation, mauvaises
connaissances de ses besoins, mode de vie inadapté à l'animal,
maltraitance … c'est donc souvent un chien qui a déjà fait de difficiles
expériences.
Un animal abandonné et placé en refuge perd ses
repères, ses êtres d'attachement (humains ou animaux), son environnement
familier. Il doit s'adapter à la vie du refuge, les allées et venues de
" 2 pattes " inconnus -soignants, bénévoles, visiteurs- et de " 4
pattes " aussi stressés que lui. Sa perception si fine des phéromones
projette le chien dans un univers chargé de peurs, de tensions
véhiculées par ses compagnons d'infortune, sensation d'insécurité qui le
plonge dans un état anxieux.
Malgré toute l'attention et les
soins apportés par le personnel des refuges, les chiens manquent bien
souvent de sorties. La vie en refuge peut favoriser une perte de
certains acquis sociaux comme la propreté, la perte de confiance dans
l'humain. Si certains chiens parviennent à s'adapter plus ou moins bien à
cet environnement, pour d'autres la rupture avec le milieu familial est
vécue dans un stress permanent.
Reconsidérons donc les besoins
réels d'un animal adopté en refuge. Il convient tout d'abord d'initier
la confiance, et cela ne passe pas par des excès d'affection (l'animal
peut même dans ces circonstances se sentir agressé), mais par une
relation calme et apaisante pour le chien. Son panier doit être placé
dans un endroit tranquille où il pourra se reposer sans être dérangé.
Donnez-lui ses repas à heure fixe, ne laissez pas les enfants envahir le
chien en jouant sans cesse avec lui, il a besoin de prendre d'abord ses
repères. Proposez-lui des balades quotidiennes. Même avec un jardin à
disposition, un chien a besoin d'explorer, de flairer de nouvelles
odeurs, ces stimulations sont indispensables à son équilibre et notre
compagnon issu d'un refuge en a bien besoin !
Soyez indulgent
avec lui, il doit s'adapter à sa nouvelle vie et cela ne sera pas
toujours facile, patience et constance seront nécessaires pour lui
apprendre les règles de vie de son nouveau foyer. Bannissez les
punitions qui ne feraient qu'accentuer son anxiété. Pensez aussi qu'il
vous faudra une certaine disponibilité au début pour l'aider dans cette
adaptation, votre chien sera peut-être inquiet de se retrouver seul dans
un endroit non familier, il faut prévoir une période d'habituation
progressive à la solitude. Vous pouvez vous faire aider par un
comportementaliste qui saura vous guider et vous conseiller pour
accueillir au mieux votre nouveau compagnon.
Concernant les
caresses, câlins et papouilles en tout genre, soyez " léger ", quelques
caresses délicates sous le cou ou sur le flanc suffisent. Prenez le
temps d'observer votre chien, de voir ses réactions quand vous le
caressez. Certains chiens n'apprécient pas particulièrement les contacts
physiques, il faut les respecter et ne jamais faire de " forcing ".
D'autres semblent en raffoler, se frottent sur vous, s'agitent, se
couchent et se relèvent, poussent votre main du museau, lèchent,
mordillent… attention aux fausses interprétations ! Les excès
d'agitation lors des séances de caresses traduisent des tensions chez
l'animal, ce sont des tentatives d'apaisement : " Stop ! Arrête ! Assez !
" que nous prenons pour de la " joie ". En prolongeant ces effusions
affectives avec lui (pensant alors bien faire !), nous alimentons cette
agitation et son état de stress. Restez donc mesurés dans vos
interactions avec votre chien, qu'il s'agisse de caresses ou de jeux.
Cela aidera à son adaptation et lui permettra de se sentir en sécurité,
en confiance auprès de vous, et ce de façon beaucoup plus efficace
qu'avec force câlins !!! Et si vous en ressentez quelques frustrations,
dites-vous bien que c'est là le plus beau cadeau que vous allez lui
faire !